Quantcast
Channel: Peut mieux faire !
Viewing all articles
Browse latest Browse all 41

L’aide dans les pédagogies coopératives : du dénigrement gratuit à la réalité des pratiques

$
0
0

Illustration de ce que la méconnaissance associée à la mauvaise foi et à la malveillance peut donner comme « débat » sur les pratiques pédagogiques.

Ici, on en vient à extraire un élément d’un outil pour tirer les conclusions qu’on a envie d’en tirer pour dénigrer. La pédagogie, c’est précisément faire dialoguer les outils, les pratiques avec un système de valeurs et des éléments scientifiques, théoriques qui permettent d’éviter certains écueils. Un outil isolé ne dit pas grand chose de la réalité pédagogique. Un plan de travail peut très bien être utilisé dans une approche uniquement behavioriste, mécanique et individualiste des apprentissages. Dans les pédagogies coopératives, il est non seulement associé à de l’aide (comme ici), du tutorat et il ne concerne que certains temps d’apprentissage, en particulier pour travailler les automatismes (que les mêmes détracteurs voudraient faire croire qu’ils sont négligés dans ces pédagogies). Il est donc aussi largement compléter par des moments de travaux en groupes mais aussi de temps de leçons…

Finalement, ici, on ne commente pas les pratiques des collègues mais ce qu’on en invente et qu’on finit par y croire soi-même.

On déduit par exemple de la présence de cette rubrique sur un plan de travail que la coopération est obligatoire. Il suffirait d’échanger un minimum avec les collègues pour savoir que cette rubrique n’est renseignée par l’élève que si il y a eu aide. L’aide étant par définition informelle, elle n’a pas de caractère obligatoire.

Le plan de travail c’est au contraire la pédagogie des choix : choix de certaines activités d’apprentissages, choix de l’ordre de ces activités mais aussi choix des modalités de travail (notamment de travailler seul quand la tâche ne nécessite pas d’interactions ou qu’elles ne sont pas souhaitées).

La coopération proposée serait donc également excluante et malveillante ? Là encore, connaître la réalité des pratiques mais aussi les recherches qui existent depuis longtemps sur le sujet et non les caricatures qu’on en invente soi-même suffirait à éviter d’écrire des  raccourcis qui servent de biais de confirmation.

Si l’aide peut présenter des risques, elle est aussi un fort levier pour éviter que des élèves fragiles soient sans solution et donc, de fait, mis à l’écart des apprentissages. Le risque d’exclusion des réseaux d’aide ou la division sociale du travail sont des éléments connus depuis plus de 40 ans. Ils ont été identifiés par des pédagogues qui sont pourtant la cible des caricatures. Ces dérives sont donc, la plupart du temps, prises en compte par les enseignants qui pratiquent les pédagogies de la coopération.

Là où un cours traditionnel va mettre en difficulté un élève timide qui n’osera pas prendre la parole devant la classe entière, d’autres modalités proposées dans un plan de travail vont, par exemple, permettre à l’élève d’échanger dans un petit groupe.

C’est encore plus vrai pour les élèves qui seraient « trop faibles pour aider quiconque ». En se renseignant un minimum auprès des collègues qui utilisent plans de travail et feuilles de route et en lisant les différents écrits scientifiques sur le sujet plutôt que de dénigrer gratuitement des pratiques, on saurait qu’il n’y a aucune contradiction avec la bienveillance, bien au contraire. Une des conditions de l’utilisation émancipatrice de l’aide réside dans la réciprocité. Tout le monde peut aider, tout le monde peut recevoir de l’aide. Les élèves ayant le choix de l’ordre dans lequel ils peuvent réaliser certaines tâches, les élèves plus « faibles » sont donc à un moment donné susceptibles d’aider des élèves plus « forts » pour les travaux que les premiers ont déjà réalisés et terminés. C’est l’un des points essentiels de ces pratiques coopératives qui permettent justement à tous les élèves d’être en situation d’aider et d’être aidés. Des formes d’enseignement mutuel, des marchés des connaissances, la valorisation de tous types de travaux permettent quant à elles à chaque élève d’être en mesure d’apporter aux autres. C’est souvent un grand motif de satisfaction chez les élèves habituellement en échec.

Enfin, l’argument imparable des élèves qui n’aiment pas travailler en groupe est problématique même s’il correspond à une réalité. Sur l’aide en particulier dans le cadre qui a été extrait ici, nous l’avons dit, elle reste à l’initiative des élèves. C’est d’ailleurs celui qui en a besoin qui doit être à l’origine de cette situation pour éviter toute stigmatisation. Sur le travail par groupes, il ne faut pas oublier que l’apprentissage de la coopération est en effet inclus dans les programmes. On peut certes militer pour un changement des programmes mais on ne peut priver des élèves de certains apprentissages en fonction des enseignants qu’ils les ont en charge. Car coopérer cela s’apprend, progressivement. C’est à la fois une modalité de travail qui permet d’acquérir des apprentissages mais c’est aussi un apprentissage en soi. Un enseignant qui pratique la coopération pourra éventuellement autoriser un élève à préférer travailler seul qu’à plusieurs, mais, dans la mesure où cette mise en groupe est ciblée, sur un temps court, sur une activité qui gagne à être faite à plusieurs, l’intérêt de l’élève à rester seul sera limité.

Echanger, observer, se renseigner pour élargir sa palette de possibles c’est le réflexe de la majorité des enseignants. Majorité qui doit subir les sarcasmes d’une minorité de critiqueurs compulsifs.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 41

Latest Images

Trending Articles





Latest Images